moulika varango

raconte-moi ce qui t’a amené à faire ce métier ?
j’ai grandi à abidjan, dans un univers très intellectuel qui ne me destinait pas forcément à l’univers de la mode, tout en étant bercée dans le contexte d’opium de saint-laurent. ce contexte a participé et participe toujours à ma passion pour le détail, à ma définition de la femme élégante. l’élégance c’est l’essence d'une silhouette, au delà d’une pièce, c’est la gestuelle qui finalement sert et transcende le vêtement. mes parents ont mis un peu de temps à comprendre ce choix de la vente, mais j’avais une réputation d’enfant terrible à tenir ! j'y voyais un défi intellectuel qui leur faisait finalement honneur, j’ai écumé les bibliothèques et potassé la mode comme une première de la classe, il m’a fallu apprendre les codes. croire en chaque opportunité et décider d’en faire une chance ont fait le reste.

qu’est-ce qui nourrit ton style, quelle est la source de ton inspiration ?
ce sont indiscutablement mes émotions. je suis du signe astrologique du lion, ce que je ressens est un feu qui me nourrit. l’émotion de l’instant est primordiale.
l’état psychologique dans lequel je me réveille donne le ton. ce matin, j’étais dans un bon mood, cette énergie m’amène quelque part, me donne une envie particulière, l’envie d’un détail. certains détails sont des éléments de signature permanents comme ma chaine à la taille.

quelles sont les personnes qui constituent des références pour toi dans ton métier ?
je pense évidemment à mélanie huynh, au delà du fait que c’est devenue une amie, je suis stylistiquement en accointance avec elle, nous sommes émotionnellement alignées. j’aime particulièrement sa persistance à ne jamais s’habiller pour plaire au gens mais bien pour se plaire à elle. c’est une règle à laquelle il ne faudrait jamais déroger. comme elle, je m’habille pour me plaire à moi-même avant tout, en dehors des conventions. s’habiller, c’est revendiquer une identité, je cultive donc mon androgynie, elle est une de mes marques de fabrique.

quel compliment aimerais tu entendre où ré-entendre dans ton métier ?
« merci de transmettre ta passion », des mots prononcés par mon équipe et mes clients. j’ai la chance de faire un métier que j’aime énormément et je considère que la passion y est une condition indispensable. sans passion il n’y a pas de prise de position et donc pas de mise à nu. un style sans passion ne sert à rien, je dirais même qu’il n’existe pas. derrière mon style et derrière chaque style, il doit y avoir des messages. ma féminité est en dehors des conventions, mon style en est la revendication.

la ville ou la destination qui t’inspire ou te ressemble ?
il y a paris évidemment, car c’est la ville que j’ai choisi et elle demeure la capitale de la mode quoi qu’on dise, abritant les plus grands créateurs comme gaultier, yamamoto, saint-laurent, comme des garçons, balenciaga. paris possède une richesse culturelle liée au métissage, c’est un vivier créatif sans égal. cette ville garde mon esprit éveillé à tous les niveaux, cela va de l’architecture à un plat ou un verre de bon vin. et puis il y a los angeles… je rêve d’y vivre, c’est un petit paris à l’intérieur des état-unis. une sorte de reconstitution de paris à l’échelle américaine. j’y vois rodeo drive et pretty woman ! j’aimerais pouvoir contribuer à nourrir la french touch là-bas, à réinventer le cérémonial et le chic à la française, cet art que nous avons un peu perdu et qui consiste à être l’hôte du monde.
« je suis du signe astrologique du lion, ce que je ressens est un feu qui me nourrit. l’émotion de l’instant est primordiale. l’état psychologique dans lequel je me réveille donne le ton. »
comment définirais-tu ta façon d’être et de vivre ?
authentique ! il ne s’agit pas de détourner les codes par esprit de contradiction, c’est bien plus complexe que cela. au départ, il y a anne-laure (mon prénom d’origine), mon attachement à la religion, à la famille, à mes valeurs ; et l’expression visible de ce que je suis, c’est moulika. je ne rentrerai jamais dans le moule, personne ne devrait d’ailleurs. je m’amuse des codes qui de toute façon changent en permanence.

tes thèmes de prédilection dans ton approche de la mode ?
je dirais les accessoires, le noir et le jean mais retravaillé. je peux porter un jean complètement pété mais avec une veste en satin et des détails qui changent la donne. jamais plus de trois couleurs est aussi un de mes fondamentaux. savoir ne pas trop se prendre au sérieux constitue aussi un vrai atout.

la personne que tu rêverais de pouvoir habiller ?
comment choisir ? il y a la plastique parfaite de grace jones, une véritable artiste, femme de couleur qui est une parfaite représentation de l’indépendance et de la prise de pouvoir des femmes, une muse avant même d’être celle d'alaïa. charlize theron me fait également rêver, blonde et pulpeuse, sud-africaine de surcroit. et angelina jolie, parfaitement démentielle dans tomb raider.

as-tu des rituels dans la vie ?
je fais une prière en me réveillant, je crois en la loi de l’attraction, je visualise donc ma journée. et puis de façon plus pragmatique : mettre mes bagues et mes bracelets avant même de m’habiller, juste après ma douche, avant de porter quoique ce soit, comme d’autres mettraient leur lingerie. ma quincaillerie me suit partout.
« je ne rentrerai jamais dans le moule, personne ne devrait d’ailleurs. je m’amuse des codes qui de toute façon changent en permanence. »
le style qui t’énerve ?
celui qui ne correspond pas à l’image de la personne et devient finalement pire qu’un déguisement au point de rendre ridicule. certains voient dans une tenue un moyen d’exister socialement et obtiennent finalement l’effet inverse. ils cherchent la « dernière pièce » simplement pour la posséder, sans passion, de façon opportuniste. il n’y a alors ni jeu, ni vérité.

un endroit de prédilection où te trouver habituellement ?
si on me cherche à l’extérieur, on me trouvera sur la terrasse du westin en train de boire un mojito après le travail ou certains soirs à l’alcazar. je suis néanmoins la plupart du temps au bureau ou chez moi, j’avoue aimer me retrouver dans ma tanière, c’est ma bulle d’oxygène.

ton objet fétiche ? combien pèse-t-il ?
mes fétiches sont mes tatouages. j’en ai plusieurs, une armure qui va de l’épaule au poignet, nefertiti, un lion, des déesses se tenant la main… et puis mes bagues, les enlever serait aussi difficile que d’enlever un de mes tatouages.

ce qui a du poids dans ta vie ?
dieu, la famille et mon travail.

tes objets le gramme, lesquels sont-ils ?
un 33g en argent lisse poli, et le câble 9g également en argent lisse poli.

si le gramme était un vêtement ?
un perfecto, une pièce essentielle de la garde robe à la fois rock’n’roll et intemporelle.
« certains voient dans une tenue un moyen d’exister socialement et obtiennent finalement l’effet inverse. ils cherchent la « dernière pièce » simplement pour la posséder, sans passion, de façon opportuniste. »
son accumulation
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